Une entrevue avec
Kyoichi INOUE, Katsuyuki KONDO et Kenju USHIRO
lors de L'AIKI EXPO 2002.
par Aikido
Journal
Traduit en français par Jacques Renaud.
Reproduit ici avec l'aimable autorisation de Monsieur Stanley Pranin
- Aikido Journal © .
Édité En ligne.
Sur le campus de
l'université de Las Vegas, trois des professeurs japonais
invités à enseigner chez Stanley Pranin d'Aïkido Journal lors de l'Aïki
Expo 2002, Kyoichi Inoue
(aikido), Katsuyuki Kondo (Daito-ryu) et Kenji Ushiro
(karaté-do), et Ikuko Kimura se rencontrent pour une discussion.
Les sujets se sont étendues de la question "Qu'est ce qui
est exigé aujourd'hui des instructeurs pour assurer la
conservation correcte du budo japonais ?" au potentiel
pour l'"Énergie de fusion" qui s'est produit par
interaction parmi les instructeurs de grade élevé pour
apporter le changement crucial au futur monde du budo.
Le niveau étonnamment
élevé du Budo hors du Japon.
Ikuko Kimura : Nous voudrions vous
remercier infiniment de cette réunion nous réunissant aujourd'hui, en
dépit de votre fatigue d'avoir enseigné durant tous les
stages de ces derniers jours. Je voudrais commencer
en vous demandant vos impressions sur ce premier Aiki expo.
Kyoichi Inoue : Je pense que c'est
un franc succès ! Excepté le manque de nourriture
japonaise dans les menu, naturellement ... (rire) tous les
hauts gradés et moi même sommes très motivé et nous
donnons le meilleur de nous même comme instructeurs.
Katsuyuki Kondo : J'ai trouvé très facile
de travailler avec les
Américains et les autres pratiquants présents ici, dont beaucoup
sont des artistes
martiaux très habiles. En outre, au Japon il y a
toujours des rapports verticaux ou hiérarchiques, mais les
pratiquants aux ETATS-UNIS ne semblent pas s'inquiéter tellement
de cela. En outre à la différence du Japon, les populations ont ici nécessairement des
craintes importantes concernant
leur propre sécurité, et par conséquent ils sont très
sérieux dans l'études du budo. Je pense que c'est
probablement une chose qui contribue au niveau étonnamment
élevé de la compétence que j'ai pu constater. J'ai été
également très impressionné de voir ainsi beaucoup de
démonstrations véritablement habiles par les divers
instructeurs lors de l'expo.
Kenji Ushiro : J'ai vécu un
grand moment !
Ma fille et mon fils pratiquent tous les deux le karaté, ainsi
ils m'ont accompagné en tant qu'assistants, et je pense que l'expérience
les a
aidé à élargir leur vision de la vie et du monde. Je suis ici
en tant que professeur de karaté, naturellement, aussi je me
suis demandé d'abord ce que je devais offrir aux pratiquants
d'aïkido.
Il s'avère que mes cours ont été très fréquentés, et j'ai été
franchement
impressionné d'apprendre à chacun quelque chose
de différent. C'est ceci, je pense qui aide chacun à élever plus
encore son niveau. Je
rendrai compte de mon expérience ici dès que je rentrerais au Japon ; il y a
ici des moments dont nous
pouvons aussi avoir besoin pour évoluer.
Stanley Pranin : Pour ma part, je
voudrais dire qu'en imaginant cet Aiki Expo, mon intention
n'était pas simplement d'offrir une formation d'aïkido avec beaucoup
d'organisations différentes ; j'ai voulu plutôt aller
au delà des organismes, créer un environnement approprié
pour différents types de personnes afin de les réunir et les
faire inter-agir les uns sur les autres.
Plusieurs des professeurs présents ici ont
déjà des contacts occasionnels en tant qu'invités aux démonstrations des
autres et dues à leurs fonctions dans les différentes
organisations, mais habituellement limités à représenter les
organisations et à offrir les congratulations officielles. Je ne pense pas que
ces rencontres leur laisse beaucoup de temps pour s'asseoir réellement
et parler. Avec cet Aiki Expo j'espérai obtenir un nombre significatif de ces professeurs,
ensemble, avec la proximité étroite durant trois jours, pour leur donner une
opportunité de se détendre
et de communiquer entre eux -- aussi profondément que possible sans
le fardeau des affiliations aux organisations -- au sujet de la
technique, au sujet du budo en général, ou à tout autre sujet
dont ils souhaitaient parler.
Kondo : Comme je l'ai dit plus tôt, j'ai
trouvé non seulement très faciles de travailler avec les Américains, mais
je les ais trouvé également francs et avec de bonnes
manières.
Au Japon, par exemple, je dois être légèrement réservé en
parlant du rapport entre l'aïkido et le Daito-ryu, les
pratiquants m'accordent la parole juste,
"Sensei, quel est le rapport entre l'aïkido et le
Daito-ryu, et comment sont ils semblable ? Montrez-nous, nous voulons
voir!" Un bon nombre de gens étaient intéressé
par ce sujet particulier. Ce n'est pas pour que je ne fasse de
comparaison spécifique, ainsi mon approche était
simplement de faire observer à des personnes mes
démonstrations de Daito-ryu, les faire réfléchir au sujet de ce qu'elles
ont vu, et en tirent leurs propres conclusions. Au
Japon nous n'avons pas souvent d'occasions de nous retrouver dans ce
genre d'environnement. Normalement il serait pratiquement
inconcevable de rassembler tant de professeurs de l'Aikikai et
du Yoshinkai, du karaté et du Daito-ryu ; le fait que ce soit
si réussi vient de la popularité et des bonnes relations de Stanley
avec tous ces cercles. Vous avez fait
un grand travail avec lui, et je vous en suis très
reconnaissant.
Un "Dégel"
Inoue : Je pense qu'un bon nombre de
personnes sont intéressé par le Daito-ryu comme source originale
de l'aïkido.
Il n'y a pas eu beaucoup de contact entre les deux par le passé,
ainsi cet Aïki Expo a été une grande chance pour cela.
Étant du Yoshinkan moi-même, je suis en mesure de dire à l'Aïkikai
que je pense que nous devrions mieux
reconnaître l'importance de Daito-ryu.
En fait, le Yoshinkan lui-même a été regardé par
l'Aïkikaï presque comme une "heresie"
mais je suis heureux de constater que cela semble avoir
beaucoup changé. Récemment au Japon, par exemple, M. Tsuneo Ando qui
enseigne dans le dojo de l'école d'aikido Yoshinkan de
Urayasu, Chiba,
avait effectué des démonstrations en collaboration avec un
shihan de l'Aïkikaï. Chaque année elles prennent des
allures de démonstrations. Je pense qu'il est grand temps que de telles choses se produisent.
Cette année encore cela s'est produit
lorsque le
professeur de l'Aikikai de la fédération d'Aïkido de Toshima-Ku
a
approché le Yoshinkan pour demander si nous étions disposés
à envoyer quelqu'un pour participer à une de leurs
démonstrations. Puisque nous n'avons pas de dojo
dans Toshima-ku, nous lui avons demandé si quelqu'un de notre
dojo appartenant à la police d'Ikebukuro pouvait convenir. Il
nous a répondu que ce serait parfait, et nous avons fini par
envoyer environ
huit de nos membres pour démontrer et représenter le Yoshinkai.
Il est grand temps de renouveler ce genre de rapprochement graduellement.
Pranin : Cela fait maintenant
presque trente années que je recherche d'une
manière ou d'une autre en aïkido. Je me sens toujours de
jeune, mais
naturellement je ne sais pas combien de temps je pourrai
vraiment continuer à ce rythme et garder ce niveau d'énergie, ainsi je veux
faire les choses qui sont aussi efficaces que possible. En d'autres termes, je veux atteindre la vraie
"essence" des choses, des choses qui sont vraies et
bonnes, et laisser le fruit de ces recherches aux futures
générations. Cela signifie garder une certaine distance avec
les
problèmes des organisations, passer au dessus des critiques personnelles, et de
toute autre chose qui épuisent l'énergie inutilement. Je
veux continuer à avancer, continuellement et positivement.
Certains pourraient demander pourquoi j'ai
invité un professeur de karaté comme Ushiro Sensei à
participer à l'Aiki Expo. Je répondrais très clairement :
pour devenir précis, je sens que les types
d'attaques typiquement utilisées dans la formation d'aïkido
sont, le plus souvent, en grande partie sans signification.
L'exécution des techniques brillantes contre de telles
attaques, faibles, rend la formation sans signification.
Pour différer de cela, j'ai demandé à Ushiro Sensei de nous
aider
à réveiller les pratiquants afin de comprendre ce qu'est un
vrai atemi. J'espère que les pratiquants réaliseront la nécessité de se concentrer
non pas simplement
sur le rôle de tori durant toute l'heure, mais également
afin améliorer leur
capacité de faire des attaques sincères et viriles.
En plus de cela, et sans compter qu'ils
sont de grands artistes martiaux, Ushiro Sensei et Kondo Sensei
sont de plus des homme d'affaires et sont très au fait des
traditions japonaises. Je pense que
ceci en fait de bons modèles pour la façon dont le budo et
l'esprit du budo peuvent aussi être appliqués à tant
d'autres secteurs de la vie.
En outre, l'énorme impact de cet
événement a permis de surmonter de nombreux obstacles dans toutes les étapes de planification,
la gestion de ces obstacles s'est avéré être une expérience
importante de ma propre formation de budo !
Kondo : Comme Stanley le dit, avoir Ushiro
Sensei ici a été très important pour notre
compréhension au sujet des atemis et des esquives qui sont parfois
peut être trop simplistes ou présomptueuses. Je dois
convenir, et j'ajouterais que les mêmes constatations pourraient être
faites au sujet de notre attitude envers le sabre. Après tout, les
épéistes s'exercent pendant des décennies, affinant leurs
techniques de poussée et de coupe, confiant leur survie
à ces seuls techniques ; pourtant beaucoup, un trop grand
nombre je pense, de notre dispositif de démonstrations
prétendu "main-épée" pour compenser des techniques
faibles. De telles démonstrations pourraient même
être considérées comme irrespectueuses envers les experts
du sabres dans le monde. La même constatation est aussi vraie concernant le karaté ;
répétez les atemis et chutez tellement facilement,
c'est irrespectueux envers la vraie nature du karaté et ceux qui
la pratiquent. Nous devrions nous rendre plus compte de ces
choses et les étudier beaucoup plus profondément.
l'Intelligence-Obtue Dégrade La
Culture
Ushiro : Ce genre d'interaction
lors de l'Aiki expo m'a rappelé la leçon de la bataille bien connue
entre formats de bande vidéo bêtas et VHS . Le format bêta, qui a eu de nombreux avantages techniques, a
d'abord été
développé par Sony, et le format VHS a été développé par
JVC (vainqueur) et Matsushita un peu plus tard, et peu après les deux
entraient dans une guerre de vente pour fixer la
norme. Sony a fait l'erreur de maintenir le
brevet de format bêta pour lui-même, pour son propre usage interne,
tandis que le groupe de VHS a avancé et a rendu le format de
VHS ouvert à d'autres compagnies d'électronique comme Hitachi,
Toshiba, dièse, et Mitsubishi. Sony s'est rapidement
trouvé en position d'isolement et seule. VHS, étant plus
flexible, fut diffusé autour du monde, tandis que
bêta, en dépit de sa supériorité technique, resta
confidentielle.
La leçon ne va pas au
delà de notre organisation individuelle, les problèmes auxquels
nous ferons face ne seront pas tellement les divers conflits
interne au Japon concernant l'hégémonie sur le reste du
monde de ce que nous avons créé. Le football, par
exemple, a été soutenu en Angleterre, mais maintenant il est
dominé par des pays comme la France et le Brésil. Lorsque
vous possédez quelque chose ne croyez pas à la proéminence ou même
l'existence dans son lieu de naissance signifie perdre un
morceau de la culture de cet endroit. Cette sorte de chose
peut facilement se produire si nous ne faisons pas attention.
Le poète Matsuo Basho a parlé du principe de "préserver
l'essence tout en changeant avec les temps."
C'est-à-dire, tandis que le point d'origine peut
être essentiellement immuable, vous devez pouvoir évoluer selon les besoins changeants des temps. Si vous
n'évoluez pas
, alors vous essayez de préserver la tradition, personne ne vous suivra et alors vous aurez de
grands problèmes. Je pense que c'est une alternative faisant face
au monde du budo aujourd'hui.
Dans ce sens, cet Aiki expo fut
bénéfique, et nous aussi, comme Stanley, ressentons le besoin de
continuer à approfondir notre propre étude et recherche, pour
pouvoir améliorer et conserve la valeurde ce qui est bon. Ce
fut une bonne d'étude pour moi, et une expérience stimulante.
Les avantages de l'adversité
Pranin : Les êtres humains
recherchent normalement à rendre leurs propres environnements
aussi confortables que possible. Mais d'un côté, un environnement confortable
affaibli le mouvement
et stoppe par la suite l'évolution. En revanche, une fois
placés dans des conditions défavorables, les gens cherchent
à se renforcer et à se défier. C'est la stimulation du besoin des personnes
à se développer. Retirez vous du monde pour passer le reste de vos jours
à ne jouer qu'au gateball en parc (jeu de croquet
développé au Japon peu de temps après la deuxième guerre
mondiale et maintenant principalement pratiqué par les
vieillards) et vous êtes fini. Le père de Mme Kimura est né
en Manchourie, et quand il s'est retiré de
sa compagnie il a étudié de nouveau la langue chinoise
qu'il avait employée enfant. Il a étudié très
dur et a réellement utilisé ses études en tant
que volontaire travaillant auprès des orphelins
japonais en Chine après la guerre. Une personne apprécie de ne
jamais vieillir.
Avoir l'esprit du
débutant envers tout est important, je pense. Plutôt
que de se laisser constamment choyer dans un
environnement de confort pur, je pense qu'il est bon de se
mettre de temps en temps dans un environnement hostile, et d'employer
cette énergie pour recharger vos batteries et rester
dynamique.
Inoue : J'ai entendu dire que la dépendance est l'une des causes initiales
de la sénilité, et que plus vous gâtez l'environnement d'une personne
et plus elle devient rapidement une victime. Au début cette
personne peut être reconnaissante envers ceux qui l'aide, mais quand ils cessent de
l'aider elle commence
graduellement à chercher la paix de l'esprit et la stabilité
dans les autres, et là alors des signes de sénilité commencent
à se apparaître. C'est pour cette raison que les gens qui
n'ont personne pour les aider, et qui doivent faire tout
elles-mêmes, tendent à moins souffrir de senilité.
Je pense que cela va avec ce que vous dites
au sujet de l'importance de se maintenir motivé, dans une certaine
mesure, devant les conditions défavorables. Si nous essayons
de rester justes avec avec notre connaissance au
Japon, par exemple, nous arranger dans des pré-conceptions au
sujet des choses ; et quand nous sommes confrontés aux voix
de l'étranger, par exemple en discutant des choses hors
de la fédération internationale, nous commençons comprendre
d'où viennent les difficultés. On peut
même remarquer que nous commençons à devenir un peu sénile,
en fait ! (rire) ainsi, nous devons faire des efforts pour
éviter à l'aïkido et au karaté comme à tout l'autre budo japonais de
devenir "séniles".
Kondo : Humm, "Le budo de subsistance
devenant 'séniles' .... Je pense que je vois ce vous voulez
dire par là ; c'est une bonne manière de penser !
Conférence sur un champ de bataille !
Pranin : Les attaques terroristes du
11 septembre ont causé beaucoup d'annulations des
conférences sur l'aikido cet automne, ainsi je me suis beaucoup
inquiété de savoir si cet Aiki expo pouvait avoir lieu comme prévu. En plus du
cela, l'agence de voyage avec laquelle
j'avais réservé les billets d'avion pour les professeurs a soudainement fait faillite, probablement en partie
en raison des difficultés des affaires d'après 11 Septembre. C'était un
vrai coup, financièrement et moralement, mais j'ai su à ce
moment là que nous n'avions aucune marge, ainsi nous
avons accepter et sommes allés inexorablement de l'avant. Maintenant que nous sommes parvenus à finir l'expo
avec succès, je me sens comme ayant juste survécu à une
bataille importante ! (rire), une fois que j'ai eu la chance de
me reposer un peu,
je voudrai continuer pour essayer de faire quelque chose d'encore
meilleur.
Kondo : Je conviens au sujet de ce
sentiment concernant la conférence comme comme étant un champ de bataille. Il y a
quelques temps Inoue Sensei disait comment le Yoshinkai a été
regardé presque comme genre "d'enfant de salle",
mais Daito-ryu a été regardé comme étant encore
plus "hérétique." En conséquence, tout le monde est
très curieux de constater ce qu'il est, pour voir ce que nous
faisons. Parfois les gens même "m'examinent" pour
voir ce que sont vraiment mes travaux techniques. Et laissez
moi vous dire que certains de ces types sont vraiment
énormes, avec des mains puissantes, et ils
saisissent réellement, sincèrement et fortement ! (rire) je
dois me concentrer et répondre à chacun, et bien répondre,
sinon cela perdrai tout intérêt et personne ne viendra à la prochaine
conférence. Pour cette raison j'ai abordé les choses très sérieusement.
Ce fut une très bonne formation !
Inoue : J'en conviens, nous n'avons pas ce genre "de tension élevée" habituellement
lors de notre enseignement journalier dans le dojo -- ce qui est une
honte, parce que cela devrait vraiment toujours être comme
cela. J'ai
noté que ma concentration change quand je vais m'exercer dans
un dojo complètement différent, même si la teneur de la
formation est plus ou moins identique. Ceci est peut être l'une
des parties les plus faibles de notre nature humaine, ainsi je
suis très reconnaissant d'avoir de telles occasions.
Kondo : Les pratiquants avec qui vous travaillez
lors des démonstrations ne sont pas vos étudiants
habituels, et ils ne sont en fait souvent pas comparable avec votre école. Tokimune
Sensei nous a interdit de nous engager dans des affrontements,
mais d'une certaine manière les conférences comme celle ci
peuvent démontrer la richesse des différences des
pratiquants servant de uke.
Inoue : J'ai eu des expériences
identiques toutes les fois que j'ai fait des démonstrations à l'étranger. Quand j'étais en Russie, par exemple,
ils ont
certainement essayé de me tester. Et non seulement les
pratiquants d'aikido, mais les partiquants de taekwondo et toutes sortes d'autres
arts martiaux.
Ushiro : Je voyage souvent en Chine
pour affaires. La-bas j'ai rencontré par hasard des personnes
doutant qu'ils puissent me battre à la lumière du jour
et ainsi essayent de me faire boire avant de me mettre à
l'épreuve ! Ils m'ont obligé à boire
cette substance qui devait m'assommer et puis se sont dit, "très
bien, allons y !" (rire) ils semblaient plaisanter, mais leurs yeux
m'indiquaient qu'ils étaient tout à fait sérieux.
Ainsi nous achevions notre rencontre, je
leur ais donné une bonne claque ou deux, puis je fut soudainement traité comme un VIP ! (rire) je
sentais bien qu'ils cherchaient toujours une ouverture, une chance
pour me tester. Cet Aïki expo a été aussi instructive pour moi.
Inoue : Je me rappelle une conférence
où comme je me tenais là expliquant quelque chose,
quelqu'un a soudainement essayé de m'immobiliser par derrière. Je suis parvenu à le
projeter, mais il m'a permis de me rendre compte qu'alors qu'une telle chose
serait considérée comme une grande offense au Japon, en
dehors du Japon ce n'est pas vu nécessairement de cette façon. J'étais
étonné de savoir cela.
Karaté et Aikido - Vulgarisations
Spirituelles
Ushiro : Toutes sortes de personnes
viennent pour s'entrainer dans mon dojo de karaté --
pratiquants d'autres styles de karaté, des boxeurs, tous sont
en
contact, toutes sortes de combattants professionnels. Je pense que nous
ne pouvons faire ceci que parce que
la formation est basée sur le karaté traditionnel, qui est l'un
des modèles de combat originaux, et qu'il y a beaucoup de
points en commun avec leurs propres arts. Le karaté
traditionnel d'Okinawa inclut des projections et des clés sur
les articulations, ainsi je ne me suis pas senti du tout hors de
l'enseignement de cet Aiki expo. De plus, les
articles sur le karaté paraissent dans Aiki News et Aikido
journal depuis environ dix années maintenant, et je
pense que c'est parce que l'aikido et le karaté se sont assurément
démocratisés sur l'aspect spirituel.
Durant la conférence j'ai été
invité à parler de Morihei Ueshiba Sensei et de Takeda
Sensei. Les gens m'ont posé des questions comme, "que faites vous contre une attaque très forte?" J'ai
répondu que "je ne pense pas que Ueshiba Sensei et Takeda
Sensei aient jamais basé leurs qualités sur la "connivence", et que tous les deux devraient donc fournir de bons
exemples pour l'étude. Il ne reste pas de témoignages visuels de
Takeda Sensei, mais il y en a en abondance d'Ueshiba Sensei, et
moi ne pensent que les gens peuvent y trouver certaines des
réponses à de telles questions en se consacrant intésemment
à plus d'étude.
D'ailleurs, j'ai été très impressionné de la démonstration
de bokuto
(épée en bois) qu'Inoue Sensei a donné lors de cette conférence. Son
bokuto n'a jamais bloqué ou subi, mais était plutôt
toujours en avance et se déplaçant en entrant. Je pense que
c'est également le
genre de chose qui met infiniment en valeur une étude
plus approfondie.
Inoue : Merci de dire ceci !
Plusieurs personnes que j'ai rencontré
à cette conférence semblent très impliqués dans leur
étude et leur recherche de diverses choses, et je pense qu'elles sont
toutes très enthousiastes pour poursuivre ces études aussi
longtemps et aussi profondément qu'elles le pourront.
"Re-Importez" l'étiquette au
Japon ?
Kondo : Une chose que je trouve
différente au sujet des Américains que j'ai rencontrés est que
même ceux qui sont déjà des instructeurs dans leur propre
voie n'ont aucune difficulté à venir aux conférences comme ceci
afin d'apprendre de nouvelles choses, allant même jusqu'à
changer leur propre ceinture noire pour une ceinture blanche
lorsqu'ils font un pas sur le tapis.
Ushiro : Oui, les pratiquants ici sont
très rigoureux avec l'étiquette. Même lorsqu'ils me
croisent dans le vestibule, ils se déplacent
toujours avec respect, de côté, me laissent passer d'abord et
me donnent un signe d'assentiment courtois. C'est
impressionnant.
Inoue : Oui, et il y a
pratiquants au Japon qui pourraient apprendre probablement une
chose ou deux à les observer, parce que certains d'entre eux
ne savent même pas que de telles choses sont la base.
Kondo : Alors que je marchais
durant la journée j'ai remarqué du
mouvement derrière moi, et lorrsque je me suis retourné, j'ai réalisé qu'il y avait
des personnes qui marchaient derrière moi. Je me suis alors demandé ce qu'elles faisaient en arrière et elles
m'ont indiqué, "nous marchons à trois pas derrière notre professeur pour éviter de
fouler son
ombre." (rire) il est étonnant que les gens ici
connaissent même ce genre de vieille tradition japonaise. Je me
demande même combien de pratiquants de budo au Japon le savent
!
Inoue : Ils marchent probablement
devant, pensant à eux-mêmes ! (rire)
Pranin : Je dois dire que je suis très
heureux de vous avoir tous ici, venant du Japon,
vous avoir pour enseigner dans un environnement si peu commun
et pour avoir ce genre de discussion sans cérémonie. Nous
éditerons ceci et d'autres articles sur vos interactions et
expériences ici, et je pense que ceux-ci auront un impact
positif sur la direction du développement de l'aïkido dans
le monde .
Contrairement à la tradition du budo,
notre monde moderne est marqué par le développement très
rapide, presque frénétique, technologique. Il sera important
dorénavant de mieux préserver ce qui
est traditionnel tout en intégrant de nouvelles
technologies et en s'adaptant au monde moderne.
Le Yoshinkan fut un le premier à
intégrer les pratiquants non-Japonais à son organisation, et
cette pensée là était bien en avance sur son temps. D'autre
part, nous pouvons également dire que les organismes
dépensent beaucoup d'énergie pour leur
adhésion aux groupes, imposant la conformité aux
règles et les règlements. Pour aller vers le vrai
développement, je pense nous devons éloigner de cette façon
de faire.
Inoue : Les organismes peuvent être
problématiques. Le Budo est une partie de la tradition japonaise et
souligne donc l'importance des rapports verticaux, par exemple
entre les seniors et les juniors. En prenant cette tradition
hors de du Japon, c'est correct s'il y a les gens à
l'étranger qui comprennent la signification de ces rapports
verticaux, mais il en va autrement pour ceux qui ne la comprennent
pas et qui essayent d'enseigner
sans cette compréhension, à l'extrême en mettant les hauts
gradés au même niveau que les autres pratiquants. Dans leurs fédérations
ils prennent des décisions par la voie du vote, avec chacun
un poids
égal donné par voix, qu'importe s'ils sont 7ème ou 3ème dan. Mais je pense que vous devez établir une
organisation adaptable qui identifie l'importance des rapports
verticaux forts tout en acceptant également ces éléments de
culture étrangère qui encouragent la croissance horizontale.
Si vous ne réalisez pas ceci, alors en transmettant le budo japonais
traditionnel vous aboutirez au pieds de quelque chose auquel
il manque des éléments essentiels,
importants de l'origine. C'est certainement un sujet de
préoccupation.
Une des choses les plus tristes est
quand les personnes ne reconnaissent pas la lignée, quand ils
oublient les vrais rapports qui ont existé dans le passé. Il
est vrai que Morihei Ueshiba est le fondateur de l'aïkido,
et qu'il a réalisé un accomplissement personnel. Mais il pouvait
seulement le faire parce qu'il a toujours porté en lui
l'essence du Daito-ryu qu'il avait appris ; même s'il n'y a
aucune relation, dire que l'aïkido n'a rien à voir avec le
Daito-ryu est plutôt triste. Shioda Sensei a
toujours indiqué que son professeur était Morihei Ueshiba,
et Ueshiba Sensei, j'en suis sûr, a toujours clamé que Sokaku Takeda
avait été son professeur. Ueshiba Sensei ne pourrait pas avoir
créé seul son aikido, dans le vide. Comme je l'ai dit, je trouve
cela plutôt triste. Il est important que Aikido journal
communique ces choses correctement, en montrant les vrais fils
qui les lient.
Aikido et Daito-Ryu -- Liens
Indubitables
Kondo : Parmi les divers livres écrits
sur l'aikido, certains disent que Ueshiba Sensei a appris le Daito-ryu
en l'espace d'une semaine, tandis que d'autres disent qu'il a commencée
bien avant durant la période de Meiji. Les
faits clairement documentés montrent qu'il a commencé
ses études de Daito-ryu en 1915, et que sa participation au Daito-ryu a continué d'une manière ou d'une autre
jusqu'aux environs de 1939. Cela signifie qu'il s'est associé
au Daito-ryu durant environ vingt-quatre années.
En ce qui concerne le Daito-ryu, Ueshiba
Sensei n'a appris le Goshinyo de
Sokaku Takeda qu'en 1931. Il a reçu ces techniques, et a
également reçu un certificat intitulé Kaishaku Soden no koto.
Le terme "kaishaku soden"
en fait s'est probablement rapporté à l'intégralité du
programme d'études de Daito-ryu comme il existait à cette
époque, ce qui veut dire qu'Ueshiba Sensei a reçu
vraisemblablement le niveau le plus élevé de l'enseignement
du Daito-ryu -- ce que nous appellerions aujourd'hui
généralement un "menkyo kaiden" ("permis de
transmission complète"). Ueshiba Sensei a apparemment
affiché ce certificat de Kaishaku Soden sur le mur de son dojo
du Kobukan pendant un certain temps, et il y a en fait même
une photo qui vérifie ceci.
D'autre part, le grand intérêt porté récemment
au Daito-ryu est naturellement dû en partie à Ueshiba Sensei et à Shioda Sensei.
Sans leurs travaux, le Daito-ryu que nous avons maintenant ne pourrait pas
avoir survécu comme il l'a fait, et à la place il aurait continué par l'intermédiaire d'une lignée très
"fragile" basée sur l'isshi soden [ la pratique de
communiquer un art de père en fils simplement ]. Cela est dû
à leurs efforts, et par la suite aux efforts de
Stanley de mettre le Daito-ryu en évidence, si la tradition est
actuellement aussi bien considérée, et que nous avons eu le privilège de participer
à cet Aiki expo .
Rapports verticaux et horizontaux dans
les organismes
Ushiro : Pendant que Kondo Sensei
parlait d'Ueshiba Sensei et de Shioda Sensei, j'ai
réalisé que si nous cherchons non ces individus eux-mêmes mais ce
qu'ils cherchaient, alors nous arrivons aux
"principes." Pourquoi Ueshiba Sensei a-t-il cherché
Sokaku Takeda Sensei ? Assurément parce qu'il a senti quelques
contraintes pour appliquer un principe important. Nous devrions
garder cette approche, parce que je pense qu'elle est
importante.
En outre, pour répondre à la
discussion au sujet des rapports verticaux dans des
organismes, je pense que nous passons rapidement à un âge
"d'intégration horizontale." Prenons l'exemple du
monde des affaires au Japon, parmi quelques compagnies qui ne
font pas les choses correctement, ce sont souvent des groupes
ou les plus
jeunes employés découvrent que les pratiques en vigueur
ne fonctionnent pas. De plus en plus ces jeunes employés de la compagnie
commencent à former des liens horizontaux avec les plus jeunes employés
ayant la même activité d'autres compagnies, allant au delà
des frontières de corporation et d'organisation habituelles,
afin de travailler ensemble sur divers types de projets. C'est une
tendance naissante dans le monde des corporations, et de façon
identique un événement comme cet Aïki expo se rapproche de
cela. Nous ne gâchons pas nos rapports
verticaux, nous les renforçons par l'intégration horizontale.
Si vous voulez renforcer une compagnie
malade, vous ne pouvez pas le faire en disant simplement que l'ancien
système est mauvais et le faisant disparaître, vous devez
plutôt penser à le rendre plus fort, et je pense que le genre d'intégration
horizontale que j'ai décrite est bon pour cela, et en
fait pour beaucoup d'autres genres de situations.
Kondo : Je tends à aller dans
votre sens lorsque vous décrivez ces rapports, mais je suis d'accord
également avec Inoue Sensei lorsque, par exemple, il dit
qu'organiser les structures de telle sorte que des gens avec des niveaux
d'expérience différents -- 3ème dan et 7ème dan -- risque
d'endommager la société structurée verticalement du Japon
traditionnel. Il y a probablement certains à
l'étranger qui n'hésiterait pas à faire ceci avec
seulement des cinq ou six années d'expérience ainsi que ceux
ayant quarante ou cinquante ans, mais je ne pense pas que ce
soit nécessairement une bonne chose.
Inoue : La discussion récente
sur les keikogi colorés ldans le monde de judo fut une
telle situation, qu'elle a vraiment montré la puissance des
choses décisives par la voix d'harmonie.
Kondo : J'ai même entendu que quelques
pays n'ont pas laissé leurs sièges sociaux japonais
attribuer les rangs dan pour leur propre budo. Dans certains
cas, la première personne qui souhaite obtenir la permission
d'enseigner avec n'importe
quel dan l'obtient auprès du gouvernement de son pays, et reçoit
l'autorisation d'attribuer des rangs dan. En effet, la première
personne à s'inscrire au gouvernement "gagne," mais
ils finissent par avoir des personnes avec
seulement les 1ers dans ayant l'autorité pour attribuer les dan à d'autres.
Inoue : Les budo japonais deviennent
populaire partout dans le monde, mais je pense que les
rapports verticaux qui font partie de ces arts ne sont pas
bien compris en dehors du Japon. Le temps passé par
des pratiquants au Japon comme uchideshi (étudiants à
demeure) sensibilisent généralement à de telles choses, et je pense que le budo sera transmis plus loyalement si
nous faisons des efforts de voir qu'un pour cent des individus
(il est difficile de
dire si ce sont vraiment les bonnes proportions) sont ceux sur
qui nous comptons pour enseigner nos arts à l'étranger.
D'autre part, les gens qui sont
sérieux dans leur budo ont parfois des qualifications
d'organisation faibles, voire même aucune, alors que ceux qui ont
les qualifications n'apprécient pas le poids des
responsabilités. Ainsi la transmission et la promotion de ces
arts doivent surmonter les difficultés périphériques !
Dérivation de la Vie-Énergie de Budo
Pranin : Un bon nombre de gens de ma
génération ont été à l'origine attirés au budo japonais
par des images de films et de samurai. Parmi cela
il y avait également Morihei Ueshiba Sensei, qui enseignait
une philosophie, "même si nous avons des techniques pour
blesser et tuer, nous devrions nous abstenir de les employer
dans ce but et ne les employer que pour affirmer la
vie". Ce genre de pensée a eu un répondant énorme à
l'étranger.
En revanche, je constate qu'au Japon,
alors que les gens peuvent se rendre compte qu'Ueshiba Sensei
fut le fondateur de l'aïkido, beaucoup semblent ne savoir
rien d'autre à son sujet, par exemple quel
genre de personne il était ou ce qu'il a essayé de faire
durant sa vie. Beaucoup de japonais également ne semblent
pas comprendre pourquoi un bon nombre d'entre nous, les
Étrangers, ont étudié l'aikido si passionnément. La raison
est que nous sommes simplement très
impressionnés par les idéaux d'Ueshiba Sensei et des choses
qu'il pouvait réaliser en appliquant ces idéaux.
Kimura : Travaillant pour Aïkido
journal
au cours des années, j'ai eu de nombreuses occasions de
discuter avec différentes personnes au sujet de l'aïkido, et
toutes semblent être unanimes lorsqu'elles parlent d'Ueshiba
Sensei. Même celui qui ne l'a jamais rencontré
personnellement dira qu'il a dit ceci, ou que les choses
devraient être ceci ou de telle manière selon sa pensée. Ceci
m'indique qu'Ueshiba Sensei est encore fortement vivant dans
les esprits et dans les coeurs. J'ai été ainsi étonné
combien certaines personnes
reçoivent toujours beaucoup de son énergie !
Un bon exemple, nous avons vu une
démonstration d'aikido par Molly Hale, qui fut bloquée dans un fauteuil roulant depuis un
accident de voiture il y a plusieurs années. Elle a dit que
c'est en grande partie grâce à l'aïkido qu'elle est pu
récupérer comme cela.
Ushiro : Du budo nous pouvons
retirer l'énergie de vie.
Kondo : J'en conviens de tout coeur.
Inoue : Pensez à ce dont vous
avez besoin pour vivre et je suis sur que vous trouverez
grandement cela dans le budo.
Kimura : Pour finir, nous
apprécierions tous les commentaires ou suggestions concernant
cet Aiki expo.
Inoue : C'était une expérience à la
laquelle [ Hiroshi ] Isoyama Sensei ne pouvait pas assister.
Sa présence toujours fait une grande différence.
Kondo : J'ai vécu l'intégralité
de cet événement comme une expérience très instructive, et j'étais heureux
de rencontrer tant de personnes intéressantes. Le programme
était très serré, bien que, et je doit le dire, je suis
épuisé ! Je parie qu'Inoue Sensei indiquera qu'il n'est pas
fatigué du tout, mais je le suis ! Je suis probablement assez
fatigué pour tous les deux !
Ushiro : J'ai trouvé les soirées de
démonstration très intéressantes. Ma seulement retenue serait que la synchronisation des choses
aurait pu être meilleure.
Pranin : Nous avons envoyé une demande
par email pour un retour à tous les participants, et
je suis sûr que les Américains au moins nous donneront leurs avis !
Kondo : Oui, il est bon d'avoir tous les
commentaires que nous pouvons obtenir. Ah, une autre chose
vous serait il possible, l'année prochaine, de mettre un
peu de nourriture japonaise sur le menu... ?
Pranin : Je pense que nous pouvons
faire cela ! (rire)
|